Dans un monde où l’économie repose de plus en plus sur la connaissance, la créativité, la marque ou encore la réputation, c’est-à-dire de l’intangible, il est essentiel de distinguer la valorisation d’une entreprise et la valorisation des actifs immatériels. Les deux démarches sont complémentaires, mais elles n’ont ni les mêmes objectifs, ni tout à fait les mêmes méthodes.
Valorisation d’une entreprise : une approche globale
La valorisation d’une entreprise consiste à estimer sa valeur économique à un instant donné. Elle est souvent réalisée dans le cadre d’une cession, d’une levée de fonds, d’une fusion-acquisition ou encore pour des raisons fiscales, patrimoniales ou juridiques.
Elle s’appuie sur une analyse globale qui intègre le plus souvent :
- Les résultats financiers (passés, présents et prévisionnels),
- Le bilan (actifs et passifs),
- Les flux de trésorerie attendus,
- Le secteur d’activité, les concurrents et les perspectives de marché,
- Et bien sûr, les actifs immatériels, dans la mesure où ils ont un impact sur les performances.
On parle ici de méthodes telles que la DCF (Discounted Cash Flow), les multiples de marché, ou encore la méthode patrimoniale (ou ANCC – Actifs Nets Compatbles Corrigés). Les méthodes sont nombreuses, connues, normalisées.
Autrement dit, on cherche à répondre à la question : combien vaut cette entreprise dans son ensemble ?
Valorisation des actifs immatériels : un focus ciblé
À l’inverse, la valorisation des actifs immatériels ne vise pas à estimer la valeur totale de l’entreprise, mais celle de certains éléments spécifiques qui ne figurent pas toujours dans les comptes et qui peuvent être dissociés de l’entreprise. C’est-à-dire que potentiellement ils peuvent être vendus séparément ou transférés à des tiers via des accords de licence par exemple!
Parmi les actifs immatériels les plus courants et qui sont théoriquement cessibles, on trouve :
- La marque et la notoriété,
- Les brevets, licences et droits de propriété intellectuelle,
- Les bases de données, les logiciels, systèmes informatiques ou les algorithmes,
- Le savoir-faire organisationnel ou technologique, s’il est formalisé et dissociable !
On peut aussi parfois parler d’actifs un peu plus complexes et difficilement cessibles en eux-mêmes de façon indépendante du reste :
- La relation client (fidélité, image perçue),
- Le capital humain et les compétences clés,
Ces actifs sont souvent difficiles à évaluer car ils ne sont pas tangibles. Il existe peu ou pas de comparables pertinents. Par ailleurs, il y a de nombreux effets de synergie entre eux bien souvent !
Leur valeur dépend du contexte, de leur exploitation, et de la perception qu’en ont les tiers. Pourtant, dans de nombreux cas, ils constituent l’essentiel de la valeur d’une entreprise (jusqu’à 90% ou plus !), notamment dans les secteurs innovants, culturels ou numériques.
Deux logiques différentes, un enjeu commun
La principale différence réside donc dans l’angle d’analyse :
- La valorisation d’entreprise regarde l’ensemble de la structure, en intégrant tous les leviers de création de valeur.
- La valorisation immatérielle isole et met en lumière des éléments souvent sous-estimés, mais à fort impact stratégique. On a le droit de les transposer dans des scénarios hors de l’entreprise dans différents contextes ! Cette différence induit la considération de paramètres et scénarios très divers.
Les méthodes peuvent être assez proches de celles utilisées pour la valorisation des entreprises, mais elles sont tout de même spécifiques et impliquent une logique différente que seuls les experts en actifs immatériels maitrisent. On utilisera des méthodes qui ressemblent (mais ne sont pas exactement) au DCF par exemple. Mais pour le reste, c’est très différent : les méthodes seront spécifiques, comme le calcul des redevances nettes actualisées, les surprofits actualisés, le coût historique, de reconstitution ou de remplacement, etc.
Cependant, les deux approches se rejoignent sur un point : elles permettent de mieux piloter, convaincre et anticiper. Une entreprise qui connaît la valeur de ses actifs immatériels peut mieux négocier, attirer des investisseurs, renforcer sa position concurrentielle ou préparer une transmission.