Comment déterminer la valeur d’une base de données ?

Valorisation financière des bases de données évaluation

Dans un monde dominé par l’information, les bases de données sont devenues un actif stratégique pour les entreprises, les institutions et même les collectivités. Mais leur valeur ne va pas de soi : qu’il s’agisse de données clients, de données comportementales, de bases scientifiques, de données issues de capteurs ou de systèmes industriels, ou encore de données de santé (par exemple issues d’essais cliniques), leur monétisation dépend d’une variété de critères que peu d’acteurs savent aujourd’hui qualifier rigoureusement.

Comment évaluer une base de données au juste prix ? Quelles méthodes adopter selon les usages, la provenance ou le secteur ? Tour d’horizon d’un enjeu clé pour les actifs immatériels numériques.


Pourquoi valoriser une base de données ?

Les raisons sont multiples :

  • audit stratégique pour une levée de fonds ou une fusion-acquisition,
  • monétisation ou licensing de données vers des tiers,
  • évaluation d’actifs immatériels dans le cadre d’un reporting intégré ou d’un projet de valorisation comptable,
  • ou encore gestion des risques (cybersécurité, conformité réglementaire, dépendance à une infrastructure).

Contrairement à une idée reçue, il ne s’agit pas simplement de « combien valent mes données », mais de comprendre quelle valeur elles créent, pour qui, dans quelles conditions, et avec quel potentiel de projection.


Quels sont les critères de valorisation ?

1. Nature et typologie des données

  • S’agit-il de données brutes ou transformées ?
  • Données structurées, semi-structurées ou non structurées ?
  • Données internes ou collectées via des partenaires ?
  • Données uniques (exclusives) ou réplicables ?

Une base issue de relevés climatiques propriétaires, par exemple, n’a pas la même valeur qu’un jeu de données disponibles sur une API publique.

2. Volume, couverture et profondeur

Le volume importe peu sans contexte, mais une base couvrant 10 ans d’historique sur un secteur mal documenté (ex. : données sur les rendements agricoles locaux en Afrique de l’Ouest) peut avoir une forte valeur.

La profondeur (niveau de détail) et la granularité des données conditionnent leur exploitabilité.

3. Qualité, fiabilité et robustesse

Critères classiques de « data quality » :

  • exhaustivité, précision, fraîcheur, cohérence, résilience à l’erreur.
  • Documentation claire sur la méthodologie de collecte ou de production.

Une base fiable, bien maintenue et auditée est un gage de valeur, surtout en contexte scientifique, industriel ou réglementaire.

4. Conformité réglementaire

RGPD, HIPAA, données sensibles, données sectorielles sous contrainte (finances, santé, défense)… La conformité est non seulement un prérequis juridique, mais aussi une condition de valorisation : une base non conforme devient un passif.

5. Exclusivité et barrières à l’entrée

  • La base de données est-elle duplicable, reconstituable facilement ?
  • Existe-t-il des droits de propriété intellectuelle ou des protections contractuelles ?
  • La donnée résulte-t-elle d’un effort que d’autres ne peuvent pas reproduire sans investissement important ?

Plus la base est rare, originale, spécifique, et avec une application à valeur ajoutée, plus sa valeur potentielle est élevée.

6. Capacité d’usage et de réutilisation

La valeur ne réside pas uniquement dans la donnée en elle-même, mais surtout dans ce qu’on peut en faire :

  • Des modèles d’IA ont ils été entraînés sur cette base (ou pourront-ils l’être) ?
  • Peut-elle être exploitée pour des tableaux de bord, de la recherche ou du machine learning ?
  • les données peuvent-elles êtres intégrées à des produits, des systèmes décisionnels, des services ?

Quelles méthodes de valorisation appliquer ?

🔸 Approche économique (valeur d’usage)

Elle repose sur la capacité des données à générer des revenus, à optimiser des coûts ou à créer des leviers stratégiques. Elle s’appuie sur :

  • des gains mesurables liés à l’exploitation (productivité, performance, ciblage),
  • ou la dépendance d’un business model à cette base.

Exemple : une base qui alimente un algorithme de scoring utilisé dans un service SaaS peut être évaluée en lien avec les revenus générés par ce service.

🔸 Approche par le coût de constitution

Elle permet d’évaluer combien il en coûterait pour recréer la base : collecte, nettoyage, structuration, documentation, sécurisation.

C’est une méthode utile dans les environnements industriels, scientifiques ou réglementaires où la donnée a été construite avec rigueur. Ou encore pour des données qui vont générer des économies plutôt que des revenus.

🔸 Approche comparative (benchmark de marché)

Cette méthode est difficile à appliquer seule, mais est utile en complément si des données (justement!) sont disponibles :

  • Tarification observée pour des bases similaires (via data marketplaces, acquisitions de start-up data-centric, etc.)
  • Références à des contrats de cession ou d’accès.

Cas concrets de valorisation multi-sectorielle

  • Industrie : une base issue de capteurs (IoT) collectant des données sur les machines peut améliorer la maintenance prédictive. Sa valeur dépend du coût évité grâce à cette anticipation.
  • Édition scientifique : une base d’articles annotés ou d’extraits sémantiques permet d’entraîner des IA spécialisées. La valeur tient à son exclusivité et à sa valeur ajoutée documentaire.
  • Retail : une base de tickets de caisse anonymisés enrichie de contextes (météo, horaire, événement) devient un produit pour des acteurs d’analyse comportementale.
  • Energie : des données de consommation couplées à des profils de logement permettent de proposer des diagnostics d’optimisation énergétique, avec un potentiel de licensing B2B.
  • Voir un autre exemple de valorisation de données dans le domaine de la santé

Points de vigilance

  • Confondre la donnée et l’information : une base brute non exploitable n’a pas la même valeur qu’une base bien contextualisée.
  • Négliger les coûts de maintien : actualisation, stockage, cybersécurité…
  • Surévaluer le potentiel de monétisation : une donnée peut avoir une valeur stratégique forte sans être monétisable directement.

Conclusion

La valeur d’une base de données ne réside ni dans son volume, ni dans son format, mais dans sa pertinence, sa qualité, son contexte d’exploitation et sa conformité. Elle se mesure par sa capacité à créer de la confiance, de l’usage et des leviers économiques.

Dans un monde où les actifs immatériels prennent une place prépondérante, la maîtrise de la valorisation des données devient un enjeu structurant pour les dirigeants, les investisseurs et les innovateurs.


Besoin d’une évaluation stratégique, économique ou juridique de vos bases de données ?

Notre cabinet vous accompagne dans l’analyse multi-critères, la valorisation et la documentation de vos actifs informationnels, en toute indépendance.

Derniers
articles

Say
Hello !

Nous sommes à votre écoute.

Vous pouvez nous contacter par mail ou téléphone, ou bien encore prendre directement rendez-vous.